12 janv. 2009

Le Temps Scellé - Andreï Tarkovski - (extrait)

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Le temps est la condition d'existence de notre moi : il est son atmosphère vitale.
Il s'évanouit pour raison d'inutilité quand se rompent les liens entre la personne et les conditions de son existence.
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10 janv. 2009

D'après quels souvenirs, nous sommes nous liés
Dès l'horizon, on reprend le pas comme devant la porte
quand ça grince le temps c'est sans choix
c'est sans l'autre
Sans lumière
On peut bien reprendre les couleurs et froncer les rubans
On peut bien s'étreindre

8 janv. 2009

Une tumeur c'est bleu

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[Grande joie d'être un. J'ouvre la porte avec une si grande aisance, je ne pousse pas, je ne me pousse pas par-derrière pour m'écraser contre la porte, je ne m'écrase pas dessus, je ne marche pas dessus, je ne me piétine pas, je ne hurle pas.
Extrait de OUI dans Ecrits Poétiques - oeuvre posthume de Christophe Tarkos - Editions P.O.L]



C'est bref, c'est à plat là devant – c'est étalé
C'est dans le souffle dans le rythme lent
Focal dans l'œil
C'est dans l'œil
Immédiat ....... c'est une main
Quelque chose disparu
Retenu
C'est présent
C'est la trame des nervures inacceptables
C'est un jour, une voix tue
C'est bref
Vite
Présagé poème-tumeur agrandi
C'est une onde un point invisible traversés
C'est l'iris - c'est bleu dans
C'est bleu autour
C'est l'alentour imprononçable dans le vide léger
Pas encore né – c'est l'espoir
Mué.. troué........... assiégé
C'est un banc
Du plastique
La plaie lentement ouverte avec un doigt – le goûter du sang qui palpite.
Palpite vivant
C'est vouloir.........croire..........étendre
L'autre guérit pour toi
C'est vouloir
Le débordement.........ce qui déborde
C'est quitter et garderAbsent
Le poème dans l'œil
La tumeur c'est bleu
Profond dans l'iris......................c'est bref, c'est à plat là devant – c'est étalé
C'est dans le souffle dans le rythme lent




* une onde un point invisible : emprunté à Tarkos
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29 déc. 2008

Rubans

[Muée petite fille et ton étrange beauté dans l’œil humide de la mère absente]


C’est ton départ ou bien le mien
C’est la main sans l’ombre sans l’astre sans ruban
C’est rien – rien qui ne s’écrit
Avec une machette

Plie ! Et je plie ton pardon avec le mien
Sans le fard dans le pourpre dans la tête d’un veau
Or – nous serons toujours – espacés –
Même vidés, proches comme proches
Des idoles en parcours de re-chemins

Nous-mêmes
Nous dans la main dans l’ombre dans l’astre dans le ruban
Echappés

18 déc. 2008

Kilograme(*)

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Je me sens seul, je suis très seul - avec moi-même et mes poèmes (ce que je tiens pour une seule et même chose).


Paul Celan à Adorno - lettre de mars 1961

(*) kilograme, expression de Celan




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Dans le livre de la cabane, le regard sur l'étoile du puits, avec/ dans le coeur, l'espoir d'un mot à venir


Paul Celan - 1967


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21 nov. 2008

Je suis punk

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Nous sommes deux et trois tous les matins devant le miroir. Il est essentiel ce miroir comme notre troisième branche, celle qui lie et pardonne. Je t’écris
Mon médecin me dit que les particules père et les particules mère intoxiquent mon sang. Alors, je te prends comme médicament et je veux ta disparition.
Des clous sous la peau pour nous rassembler.
Je n’aime pas ta salive dans la bouche des autres c’est ça l’occident soigner la blessure et mettre la vie sous la cloche heures d’été heures d’hiver. On interdit les aérations et les odeurs des arrière-saisons.

Deux- toujours deux, on se tait tous les matins.
C’était comment hier dans l’escalier sans lumière, qui t’embrassais ?
Tu as les yeux immenses, les larmes immenses, les mots qui piquent, les mots sales pour nous.
Tu m’écris devant le miroir chaque matin combien est pure cette fenêtre où tu calligraphies mon nom. Embrasse-moi de Paris à Reykjavík, bouffe mes cendres derrière le rideau – chaudes et absent
Plie-moi.
Des chaussures italiennes une taille en dessous, mes lèvres rouge décomposé, décompose mon enseigne.
J’aime ta douceur.


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Mon pas dans l'aller dans le tu
Te voilà
Et je ne sais plus dire, peut-être est-ce là que je commence à écrire ces tonnes de chair, mes couvertures, mes inventions et mes sourires. Non, le tien, lui qui accroche dans le miroir.
Tu as effacé l'autre main, celle qui te couvrait la bouche.
Tu mâches ta sueur entre tes dents, tu manques toujours. Ton médecin te dit que la dent absente marque le non-passage à l'acte et tu te demandes pourquoi il l'a fait lui avec sa main, avec sa bouche, les dents posées sur la table de nuit.

Il y a ces ventres gonflés par l'horreur du vide non traversés des fleuves des doigts sans fin et toi tu découpes un steack ou un pavé et tu te dis que tu ne veux pas de la nuit.
Parfois lorsque je m'assois sur le banc devant la grande salle blanche, tu fais danser mes jambes ; je regarde les murs glissants d'eau comme dans ce rêve jour après jour comme revenir dans l'avant et effacer pour te faire taire. C'est mon théâtre, je suis devant ou peut-être au jardin, tu es ma création – forte et sévère et moi.


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Je ne sais pas. Il y a des arcs de pierres qui s'enfoncent comme ça comme un arbre avec des gens dessous, des terres piétinées sous une lumière oblique.
Sous
Toi ma couverture quand je ne crie plus. Ailleurs
Ailleurs, l'écho est un mensonge la douleur dans les yeux. Tu n'es jamais là tout ce temps où il rechausse ses dents dans mes pieds si serrés quand il m'incarne pliée dans le ventre.
Je cherche un mot contre l'oubli, tu découperais bien la mémoire avec un long sanelli flexible nous deux face au miroir léchant en lambeaux
En lambeaux quand nos bordures se lient confondues comme sales
L'amer


Je ne sais plus qui de toi ou de moi ou du miroir entend et avec quelle force et avec quelle odeur restitue vrai ce qui se cache. Mon médecin me dit que déverser le présent dans cet ici c'est comme piquer le nerf du pied et le laisser remonter jusqu'à la tête, la fendre, la doubler dans le charnier
Le charnier
c'est quelque chose d'intime.



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Plus loin que l'immédiat dans tes yeux fixes sombre le pardon, pas de camps, un camp – un seul silence appuyé sur la hanche de l'homme machiniste quand tu vomis son soleil.
Quelle reconnaissance pour qui ne veut être nommé ?
C'est là que tu es apparue ma singulière sans peau, ma chère niée
Langue doublée
Effarée
Sans rebord
Unie à un soi autre pendant, l'ici présent ouvert dans tes yeux fixes. Avec le but
L'amour mal-dit d'un mal-apprit quelque chose d'une plaie choyée retournée à soi à la béance d'une certitude
Sans le tort
Sans témoins
Il y a des rires et des cris, il y a des rires et des cris
Des rires
Et des cris
Des rires
Et des cris
Il y a des rires et des cris
Des rires
Et des cris
Toi à la fenêtre avec de la terre sur le corps avec un refleurir loin, loin d'ailleurs de ses pluriels du miroir du tendre la main
De la mère la main disparue comme une chape métallique te transperce quand la chape métallique te transperce, passe ici je suis absente d'un moi.
Il faut que ça passe d'un corps à l'autre et que ça remise l'en-dedans dans l'en-dehors, dans une autre que moi
A la fenêtre
couverte de terre
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Contre un mur
Ca s'écoule les cheveux sur les yeux dans la bouche dans les dents la langue épaisse
Collée sur
Les fissures, une cabane en genêts, un spectacle en tutu quand tu n'étais pas là.
Qui fait mal ?
qui fait mal quelque chose prit quand je crie l'eau le sang les racines dessus, dessus le mur
contre la maison la mère absente aux heures basses aux heures pleines à laver sans regard
A laver en dedans, dans la fissure, dans l'écoulement, boire au sang les racines dessus la maison mère absente
Sans les mains
Dans la poussière qui tombe, dans la pierre qui se brise, déjà prise, jamais rendue dans les mots immenses en dedans dans la
nuit
Sans regard
Derrière les portes sans clefs contre un mur
Une ruine
Ce qui reste en mémoire impossible et s'écrit dans le blanc dans l'oiseau dans la gorge
Dans le dans de l'ici d'hier plusieurs fois pliéDans le pli de la chair écoulée, éventrée
Dans la fleur qui offre son sang
Dans le mur jaillissant dans sa fissure dans ce doigt que tu poses toujours sur les lèvres sur la fissure
Dans l'ourlet
Dans sur quelque chose d'impossible
Quelque chose prit de la ruine
Confondue
Fer qui s'écoule
Contre un mur
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Sur un pont , un mur-pont
A effacer toutes les traces dans le corps
Dans le rouge
Et toi tu viens tu dis enlève cette carnelle, elle n’est pas de toi
Pourtant il reste quand on nous prend
Une violence un regard dans l’oblique
Vertical jusqu’au nœud
Le nœud ne se dit pas
Et tu tais
Tais-toi
Le nœud ne se dit pas
Se délie
Peut-être




Avec mes mots
Mots
Les miens
Tu entends les mots
Les miens
Restent en moi
Je jouis en pleurant
parfois

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17 nov. 2008

Rubik’s Cube Zero








Il faudrait se dire qu’il n’y a pas de mur -- pas de blanc qui ne s’échappe
De toi à moi
Il faudrait

Derrière la fenêtre s’ouvrir davantage déposer les griffes dans le monde et qu’il s’évanouisse lourd du corps des arbres comme nos branches
Dans un baiser répéter le tracé du fleuve et rire de ses débordements

Il faudrait donner de l’âme aux deux tombes et nos phares sous la pierre pour nous croire tranquilles
Ceindre nos yeux de rubans -- contourer nos abîmes
Il faudrait dormir immobiles pour teinter le temps de nos deux langues
Nos peaux en par-dessus des distances
Lisses de nos mains.